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NAIRU, Le Nom de la Ruse
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La face cachée du chômage...
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Autour du NAIRU, ils ont dit ou écrit...
> Franco Modigliani, un des initiateurs du concepts du NAIRU; en 2000, lors d'une conférence à Freiburg: "Le chômage est principalement [...] le résultat de politiques macroéconomiques erronées [les décisions des Banques Centrales], inspirées par une crainte obsessionnelle de l'inflation [...] et une attitude considérant le chômage comme quantité négligeable ("a benign neglect for unemployment") [...], apparemment basées sur une utilisation critiquable de la soi-disant approche du NAIRU " Un peu auparavant, il avait exprimé son affliction devant cet "affreux chômage massif" et avait dénoncé le manque d'ambition de l'objectif de 10% de chômeurs. "Aussi longtemps que ce taux n'est pas descendu à 3%, les efforts ne peuvent être relâchés", a-t-il déclaré. A ses yeux, si ce taux est aussi élevé, "c'est que la BCE le veut". La BCE "programme le chômage" > 1996, Alan Blinder, vice-président de la Banque Centrale américaine: Le NAIRU est " le petit secret de la macro-économie " ("the clean little secret of macroeconomics" ). > Robert Eisner, économiste américain spécialiste du NAIRU (Cité par Jacques Nikonoff dans La comédie des fons de pension, Arléa): " Le NAIRU est un des plus puissants moyen d'influence de ce siècle sur les politiques économiques ". > Octobre 1996, François Soulé-Magnon, conseiller industriel d'Alain Juppé à Matignon: " Dans la conjoncture actuelle, il n'y a que la pression du chômage qui évite une embardée sociale. Une amélioration sur le terrain de l'emploi entraînerait fatalement une pression salariale que le pays ne peut se payer." > 27 MAI 2005, 12h59, France Info, La Bourse: Le chef stratégiste de chez VP finance, François Chevalier, alors qu'on l'interroge sur les perspectives boursières dans les mois à venir, répond : “Le pire ennemi des profits financiers c'est le plein emploi [...] or, nous sommes loin du plein emploi”. > 29 Janvier 2007, Article du monde: “2007 : vers une nouvelle année faste pour les Bourses ?” "La profitabilité des entreprises restera structurellement élevée, grâce à la mondialisation, la productivité élevée, la FAIBLESSE des créations d'emplois et la faiblesse des charges financières", selon Jean-Pierre Petit, responsable de la recherche économique et de la stratégie d'investissement chez Exane BNP-Paribas." Voir la totalité de l'article ICI Comment se fait-il qu'un économiste responsable de la recherche et de la stratégie d'investissement au sein de la plus grande banque privée européenne puisse déclarer une telle chose, et mettre la faiblesse des créations d'emplois dans les facteurs favorables aux bourses et aux profits? Est-il tombé sur la tête? Devenu fou? Victime d'une overdose de profits générés par son employeur (près de 6 milliards d'euros de bénéfices en 2005)? La VERITE est que cet économiste, comme tous les économistes dans ce type de fonctions, connaissent pertinemment le principe du NAIRU, l'utilisent quotidiennement dans leurs analyses et leurs prévisions, et savent qu'il est utilisé aux plus hauts niveaux de pilotages macro-économiques, et notamment à la Banque Centrale Européenne (BCE). Peu de créations d'emploi signifiera sans doute peu de nécessité de remonter de manière importante les taux d'intérêts pour la BCE, et donc continuation de la “faiblesse des charges financières”... Simple non? > Jean-Paul FITOUSSI, économiste, directeur de l'OFCE. Dans La politique de l'impuissance, page 43, Arléa, 2005. “Il est en effet beaucoup plus facile de réduire l'inflation que le chômage, et toute politique qui y parvient est réputée courageuse, en raison même des souffrances sociales qu'elle inflige. Pour terrasser l'inflation, il suffit en effet d'augmenter les taux d'intérêt et d'accepter un niveau de chômage élevé. [...] On inventa le concept de NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment) pour dire précisément le danger inflationniste que comportait toute tentative de réduction du chômage. En somme, le chômage élevé était un phénomène équilibre ! " Et un peu plus loin, à son interlocuteur qui ajoute " vous êtes en train de dire qu'au fond, obsédé par la lutte contre l'inflation, on a littéralement consenti au chômage ", FITOUSSI répond : " Pis que ça ! On a dans une première phase instrumentalisé le chômage pour combattre l'inflation. Chaque " banquier central " de la planète sait que, dès qu'il augmente les taux d'intérêt, il met au chômage une partie des catégories les plus vulnérables de la population. " Et la phrase qui dit toute l'hypocrisie, le cynisme et au mieux l'ignorance des discours sur le chômage que ce site vise à dénoncer, mérite d'être écrite en capitales : " NON SEULEMENT IL LE SAIT, MAIS C'EST PRECISEMENT POUR ÇA QU'IL LE FAIT ". > Dans le même ordre d'idée, on peut trouver dans un manuel de cours DALLOZ destiné à des étudiants en écononomie, et plus précisément en économie monétaire, intitulé “Monnaie, Banque, Financement”, un passage qui ne manquera pas de surprendre le “novice” mais qui illustre en détail ce que dénonce FITOUSSI ci-dessus. " Afin de résoudre ce problème de crédibilité, Gordon et Barro (deux économistes, ndlr) envisagent un modèle de construction de réputation [...] Backus et Drifill (deux autres économistes, ndlr) ont alors mis l'accent sur l'attitude des responsables de la politique économique à l'égard de l'inflation : tous prétendront être très hostiles à l'inflation mais seuls le sont réellement ceux qui acceptent un chômage élevé si c'est le prix à payer pour une faible inflation. En acceptant le chômage, les responsables construisent leur réputation car seuls les actes couteux sont convaincants.” Chapitre 5, Page 214. Afin de bien comprendre le sens de ce passage, qui fait appel à quelques notions particulières, j'ai écrit cet article d'explication et de commentaire: Dans ce chapître 5, intitulé " Les fondements des politiques monétaires ", les auteurs abordent la problématique de la Banque Centrale indépendante. Ils rappellent tout d'abord que " depuis une vingtaine d'années, c'est le concept d'indépendance des banques centrales qui inspire l'évolution des structures de décision de ces organismes " (p.213). Notre Banque Centrale Européenne (BCE) en est une illustration. Sans entrer dans les arcanes fort subtiles des discours sur les politiques monétaires, les auteurs expliquent qu'au cours des années 70, les niveaux d'inflation (et l'indexation des salaires sur cette inflation) avaient créé une situation où il était devenu nécessaire de mettre en oeuvre une nouvelle donne pour assurer la stabilité des prix. Le penchant inflationniste des gouvernements, cherchant sous la pression populaire (très forte après 68, ne l'oublions pas) à maintenir le chômage à des niveaux raisonnables, devenait insupportable pour toute une catégorie d'agents économiques, à savoir les investisseurs et les détenteurs de capitaux. L'idée des monétaristes (à nouveau Milton Friedman et ses disciples) fut de retirer des mains des gouvernements le contrôle de la création monétaire, c'est-à-dire la capacité de créer de la monnaie ex-nihilo, à partir de rien, ce que l'on appelle couramment faire tourner la planche à billets. En confiant ce rôle de gardien de la monnaie à une banque centrale réputée indépendante (concept dans les faits plus que douteux : indépendant de quoi et de qui, là est toute la question), et en confiant à cette entité la fonction basique de créer tous les ans un peu plus de monnaie selon une règle fixe et " connue de tous " (par exemple 5% par an), alors on était censé atteindre l'optimum nirvanesque de tout capitaliste : une croissance sans " inflation ", c'est-à-dire des profits qui s'accumulent mais qui ne s'érodent pas... Et c'est là qu'intervient le passage le plus intéressant du fameux manuel pour étudiants en sciences économiques. A mon sens, son prix de 28 euros est tout entier rentabilisé par ce qui suit. Le problème de nos économistes cherchant à promouvoir cette toute nouvelle banque centrale sortie de leur imagination est : comment prouver aux marchés financiers et aux agents économiques qu'elle est bien indépendante au sens où elle ne se laissera pas tenter par les travers inflationnistes qui étaient précisément reprochés aux gouvernements ? Leur réponse tient en un mot : la crédibilité. Une telle banque centrale, nouvellement créée, doit acquérir une crédibilité. Elle doit être crédible dans sa lutte contre la fameuse inflation. Et comment peut-elle devenir crédible ? Eh bien, elle doit se construire une réputation. C'est un peu comme le cow-boy du film. Il devient respecté et crédible grâce à sa réputation de gâchette fine, rapide et précise. Après en avoir descendu quelques uns, sa réputation est faite et tous y réfléchiront à deux fois avant de venir lui chatouiller les narines. Eh bien, figurez-vous, une banque centrale, et notamment son président, incarnant le rôle du " banquier central conservateur " (c'est le nom technique de cette conception actuellement en vogue), c'est un peu comme cette histoire de western. Lisons. " Afin de résoudre ce problème de crédibilité, Gordon et Barro (deux économistes, ndlr) envisagent un modèle de construction de réputation [...] Backus et Drifill (deux autres économistes, ndlr) ont alors mis l'accent sur l'attitude des responsables de la politique économique à l'égard de l'inflation : tous prétendront être très hostiles à l'inflation mais seuls le sont réellement ceux qui acceptent un chômage élevé si c'est le prix à payer pour une faible inflation ". Arrive la phrase qui ferait frémir plus d'un chômeur, d'un salarié, et d'un honnête homme: " EN ACCEPTANT LE CHOMAGE, LES RESPONSABLES CONSTRUISENT LEUR REPUTATION CAR SEULS LES ACTES COUTEUX SONT CONVAINCANTS " . Quand je l'ai lue pour la première fois, cette phrase a résonné dans ma tête de longues minutes. Elle plaçait le point final sur le i de mes intuitions. Voilà donc le modèle qui sous-tendait aujourd'hui nos économies modernes, et l'Europe en particulier, qui possède aujourd'hui, et depuis 1998 , la banque centrale la plus " indépendante " du monde, il faut le rappeler ! En clair, la BCE est actuellement en phase de construction de sa réputation. Elle a, il faut le dire, à sa tête un homme qui a lui déjà une certaine réputation. Jean-Claude TRICHET, actuel président de la BCE, fut auparavant pendant de longues années (celles de la montée du chômage) gouverneur de la Banque de France. J'avais déjà entendu dire à plusieurs reprises que ce monsieur avait sur la conscience au moins deux millions de chômeurs français. A l'époque, je n'avais pas compris. On parlait de politique du franc fort, mais je ne connaissais ni le NAIRU, ni les " règles du jeu " en vigueur dans le métier. Ces deux millions de chômeurs que certains lui imputaient, ce n'était pas en fait le fruit d'une erreur de politique, comme le quidam aurait éventuellement pu le penser. Ces deux millions de chômeurs français étaient manifestement les matériaux de construction de la réputation du monsieur en question en tant que banquier central moderne. Qu'il fut nommé (on ne parle pas d'élection dans ce milieu, c'est de la cooptation bien sentie) nouveau Président de la BCE après ce brillant parcours n'est donc pas un hasard : sa réputation et sa crédibilité passée dans la lutte contre l'inflation parlaient en sa faveur. Les chômeurs allongés sur le sol pouvaient en témoigner. Les colts du cow-boy Trichet luisaient au soleil le jour de sa prise de pouvoir. La noble et respectable institution sise à Francfort ne pouvait que bénéficier des rejaillissements de cette nomination sur sa propre réputation... Réputation auprès de qui au fait ? Mais des marchés, et principalement des marchés financiers, pardi... On apprend décidément des choses fort intéressantes en ouvrant certains ouvrages destinés à la formation économique d'une partie de nos “experts”... > Bernard Salanié, L'économie sans tabou, éditions Le Pommier, 2004. Economiste au CREST, centre de recherche de l'INSEE, professeur à polytechnique et à l'ENSAE. Où l'on découvre un étonnant “Taux de sacrifice”... Chapitre " Les multiples formes du chômage ", p.88 : “Réciproquement, une baisse de l'inflation ne peut être obtenue qu'au prix de l'acceptation d'un taux de chômage supérieur au taux de chômage structurel pendant la période de désinflation. Pour donner un ordre de grandeur on estime que la valeur du "taux de sacrifice" est entre 2 et 3% : pour réduire l'inflation de 1%, il faut tolérer une augmentation du taux de chômage de 2 ou 3% pendant un an, ou de 1% pendant 2 ou 3 ans. C'est la forme moderne de la courbe de Phillips, parfois évoquée dans les journaux, qui représente les variations de l'inflation en fonction du taux de chômage. Elle rend bien compte du processus de désinflation qu'a connu la France au milieu des années 80.” VU SOUS CET ANGLE, LE CHÔMAGE DE MASSE DURABLE DE CES TRENTE DERNIERES ANNEES APPARAÎT CLAIREMENT COMME UN SACRIFICE SOCIETAL DELIBERE... > NEW La dernière preuve en date en provenance de l'OCDE du fait que faire pression sur les chômeurs pour mieux faire pression sur les salariés est une stratégie délibérée aux plus hauts niveaux de pilotage économique... A quoi sert la pression actuelle sur les chômeurs? Pourquoi cette tendance générale, dans l'Union Européenne (cf. les réformes Hartz en Allemagne), à accentuer la stigmatisation des chômeurs ? Pourquoi cette omniprésence dans les débats et l'opinion publics de "l'évidence" de comportements individuels "déviants" d'assistés soi-disant abusant du système de protection sociale ? Indépendamment des réactions morales ou politiques suscitées par cette nouvelle "chasse aux mauvais pauvres" qui semble comme faire écho aux formes anciennes de traitement punitif des mendiants et autres vagabonds, on peut à tout le moins être surpris d'une telle tendance. L'OCDE, à sa manière cynique, apporte la réponse dans son récent rapport sur l'emploi : « Les réformes structurelles, qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés » . Source: Perspectives de l'emploi de l'OCDE (2006). Stimuler l'emploi et les revenus ; cité par Laurent Cordonnier dans un article récent du Monde Diplomatique (« Economistes en guerre contre les chômeurs ». N'est-ce pas d'une limpidité effrayante? Et c'est l'OCDE qui l'écrit! C'est la définition même du sacrifice ou du bouc émissaire, et le taux de sacrifice (voir ci-dessus) prend ainsi tout son sens! Si ce n'est pas (encore une fois) une preuve du caractère éminemment opératoire du principe actif derrière le NAIRU, que faut-il de plus pour convaincre les plus sceptiques? Le chômeur doit souffrir encore plus, être stigmatisé encore plus durement, pour devenir un épouvantail social encore plus efficace, afin de dociliser le reste des fantassins salariés... Avec bien sûr au sommet de la Pyamide des Epouvantails le nec plus ultra: le SDF, que l'on montre beaucoup dans les médias, mais dans quel but: dénoncer et agir, ou bien avant tout faire peur? 62% des 35-49 ans craignent un jour de devenir SDF d'après un sondage récent. La stratégie de l'OCDE risque donc de bien fonctionner.
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